Je m'appelle Mary van den Brandt. Depuis plus de vingt ans, je travaille avec des personnes migrantes pas ou peu scolarisées, d'abord aux Pays-Bas et ensuite en Suisse romande. C'est pendant mes études de linguistique appliquée à l'université d'Utrecht que j'ai commencé à m'intéresser à ce public. J'ai fait mon stage et mon travail de Master dans ce domaine. Plus tard, j'ai créé une méthode permettant au public adulte d'apprendre à tracer les lettres de l'alphabet latin et je développe constamment des outils d'apprentissage pour mes cours. Je suis constamment à la recherche de nouvelles ressources et outils pour le public. Je m'intéresse à différentes pédagogies pour les trouver.
Les apprenants analphabètes (c'est à dire : des personnes qui n'ont appris à lire et écrire dans aucune langue) m'intéressent particulièrement. Ils n'ont pas parcouru les étapes de développement et les prises de conscience qui vont de pair avec la scolarisation de l'enfant. Le non-lecteur n'a pas développé la même motricité, ni la même perception de la langue orale, des dessins et des symboles. La pensée abstraite, le classement des informations et l'orientation dans le temps et dans l'espace n'ont pas non plus été développés de la même manière. Être analphabète, ce n'est pas seulement ne pas savoir lire et écrire. C'est également être en décalage avec les stratégies et les conventions qui semblent évidentes pour ceux qui ont grandi en Europe, où quasiment tous les enfants vont à l'école. Ici l'écrit et ses codes implicites sont partout, à tel point que nous ne nous en rendons plus compte.
Dans mon travail, je rencontre des défis qui me passionnent et auxquels je cherche constamment des réponses adéquates :
Ce travail est plus complexe que l'animation de cours de français pour un public scolarisé.
C'est un métier passionnant, qui nous demande de prendre de la distance avec ce que nous avons appris dès le plus jeune âge et de nous mettre vraiment à la place de l'apprenant.
C'est également un travail délicat. Un échec peut engendrer une (nouvelle) perte de confiance en soi, une auto-dévalorisation et parfois un décrochage complet. Un programme bien adapté en revanche peut permettre aux apprenants d'améliorer leur autonomie au quotidien. Si l'apprenant a des enfants, cette expérience scolaire l'aidera également dans son rôle de parent.
A ma connaissance, il n'existe pas de formation dédiée à l'animation de cours pour le public de migrants non-scolarisés. Avec ce site, j'espère partager une partie de mon expérience. Je proposerai également quelques lectures qui m'ont aidée dans mon parcours.
Si vous avez une questions ou une remarque, envoyez-moi un message. Je serai ravie de vous lire.